Cela faisait un petit moment que je conduisais le petit bébé sensé nous conduire jusqu'en Espagne. Et nous n'étions pas loin d'arriver. Je n'avais que peu adressé la parole à ma passagère. Pour dire quoi ? Quand on a rien à dire on se tait non ? Les mots... C'est surfait. Mais bon... D'un autre côté mon père m'aurait mis une bonne claque derrière la tête pour mon comportement. Mon père, c'était le pro' des convenances. Ma mère et mes frères aussi. Enfin... C'était peut être parce que eux ils étaient normaux ?
« Alors... Quel est le but de la mission ? »
Quelle idiote... bien sûr que je connaissais le but. J'avais tout enregistré, dans les moindres mots, et j'étais capable de recracher le texte par cœur. Je levais les yeux au ciel. J'étais vraiment une idiote. Enfin... pas trop, à en juger par le test de QI qu'on m'avait fait passé à mes onze ans.
« Excusez moi... En fait je connais le but. Je... C'est juste que je suis assez intimidée. J'ai pas l'habitude d'être avec quelqu'un... De vivant v'voyez ? Moi je suis plus à l'aise avec le métal qu'avec le vivant... Et puis faut dire que c'est la première fois qu'on m'envoie sur le terrain. Mais n'allez pas croire que ça me déplaît hein... j'en suis vraiment honorée m'dame. Enfin même quand j'ai servis à l'armée pendant la guerre j'étais jamais sur le terrain. Mais j'suis fière. »
Je me tus avant de m'enfoncer un peu plus, en tout cas, l'engin que je conduisais était vraiment plaisant. Il était rapide, efficace et puissant, je l'entendais, je le sentais. Mais il faudrait bientôt que je le lâche pour partir à l'aventure. Et ça c'était une autre histoire. Aller Mavi, calme toi. Je devais avouer que j'avais le trac. Ou alors c'était les crevettes que j'avais mangé la veille qui passaient pas.... Hm... C'était sûrement les crevettes. Mon cerveau partait dans tous les sens, imaginant trente six idées, qui disparaissaient, puis réapparaissaient, puis disparaissaient. Je ne me rendais pas compte que je soufflais quelques mots de ce qu'il me passait dans la tête. À d'autres époques... on devait prendre les gens comme moi pour des savants fous. On atterrit enfin sans soucis et dans la plus grande des délicatesses. L'atterrissage... C'était une des leçons les plus dures que j'avais eu à apprendre. Et c'était le genre de choses qui pouvait s'avérer dangereux voir même fatal... Ha... la fatalité... Après tout n'étions nous pas que des brindilles face à la dureté de la vie ? Enfin ça, c'est ce que ma mère disait toujours. J'ai toujours eu du mal à comprendre cette comparaison entre l'humain et une brindille. J'étais très terre à terre comme fille, et je comprenais pas toujours tout. Une fois arrivées, on descendit de l'avion, j'avais mes outils bien planqués dans mon énorme sac à dos. Le genre de sac à dos qui doit faire mon poids en réalité. Mais j'étais forte comme fille. J'avais porté toute ma vie des pièces lourdes, énormes, donc à force... je m'en sortais pas si mal niveau biceps. Mon père vous aurait soufflé que j'avais une force de taureau. Je fus accueillie par le soleil, et je dus me protéger de mes mains pour ne pas finir éblouie. Ma peau allait sans doute rougir puis cuir dans les heures à venir. Me transformant et me donnait l'air du homard qu'on mangeait tous les ans à noël.
« Si on m'avais dit qu'il ferait aussi chaud... »
Je détestais la chaleur. C'est surtout parce que j'avais jamais su m'habiller correctement, je portais toujours des vêtements trop chauds ou trop épais pour la saison. Il fallait croire que mon cerveau ne faisait pas la connexion entre le temps qu'il faisait et les vêtements à mettre. Je me tournais vers Peggy.
speak to me if you want to, oh darling, but i'll listen to your silence too ; don't feel obliged to fill it though, i can live with it it's true
Le ciel défile, infini, bleu tendre piqueté de paresseux nuages blancs qui s'effilochent dans le vent qui souffle probablement, à cette altitude. J'essaye de me concentrer sur la lecture à vrai dire fort ennuyante des rapports financiers du SHIELD, que mon associé était censé parcourir seul mais qu'un imprévu à Paris a détourné de cette mission. Et bien que je soupçonne l'imprévu d'être un enchaînement de soirées et de nuits accompagnées plus courtes les unes que les autres, je n'ai rien dit. Il a travaillé dur, longtemps, et j'estime qu'il a le droit de prendre quelques jours de vacances de temps à autre. Cela m'aurait arrangé que ses vacances n'arrivent pas au moment où notre relais transmetteur le plus important d'Europe tombe en panne, mais un imprévu est un imprévu... Voilà pourquoi je me retrouve ici, assise à la place du co-pilote dans cet avion emprunté à Howard, en route pour l'Espagne, à lire des rapports financiers. Je relève la tête de mes feuilles à la question de ma pilote, et m'apprête à lui répondre lorsqu'elle continue, presque sans reprendre son souffle. J'autorise un léger sourire à se déployer sur mes lèvres, avant de lui répondre d'une voix douce :
« C'est tout à fait normal d'être nerveuse pour une première mission, surtout d'une importance aussi élevée que celle-ci... Je suis seulement ici parce que j'ai pris l'habitude d'accompagner mes agentes sur le terrain lors de leur première mission. Mais pour les suivantes, tu seras seule avec ton avion ! »
Je sais, d'après les rapport psychologiques et comportementaux que je fais dresser pour l'ensemble de mes agents, que cette jeune fille n'est pas ordinaire. Mais elle possède un talent certain, d'aucuns diraient un don, pour la mécanique, et en l'absence de l'ingénieur qui dirige avec moi le SHIELD, elle est celle en qui j'ai le plus confiance pour traiter correctement et réparer rapidement le fameux transmetteur espagnol, clé de nos communications avec nos agents dispersés en Europe.
Encore une heure de vol, et Maeve -puisque c'est le prénom de la pilote qui m'accompagne- pose l'appareil à l'aérodrome de Séville. Nous sommes accueillies par un agent du SHIELD sur place, qui me tend les clés de la voiture que j'ai demandée. Ma mécanicienne a, d'après ses entretiens psychologiques, un peu de mal dans ses relations aux autres, aussi ai-je décidé de la mettre en confiance en la gardant avec moi, seule. Nous montons dans la voiture, et je tends une paire de lunettes de soleil à Maeve :
« Mettez ça, sinon vous allez vous brûler les yeux. Et j'ai pris de la crème solaire dans mon sac à main, mettez-en sur votre visage. Nous passons à la base pour nous changer, et nous irons ensuite trouver le transmetteur. Je vous préviens, il va falloir marcher, il se trouve en montagne. »
Je démarre la voiture, et la lance vers Séville, en suivant les instructions que l'agent zélé a laissées sur le tableau de bord. Si cet homme ne souhaite pas une promotion rapidement, je ne m'appelle pas Peggy Carter ! La route est belle, le soleil éblouissant, la chaleur écrasante, aussi je baisse les fenêtres et laisse le vent me décoiffer. Nous arrivons rapidement à la base, et j'entraîne Maeve dans l'aile gauche, qui abrite les chambres pour les agentes en mission.
« Prenez une douche si vous le souhaitez ! Nous partirons dans une heure. Il y a normalement une tenue adaptée dans le placard. »
Je lui souris d'un air que je souhaite rassurant -après tout, il s'agit de sa première mission sur le terrain ! Je ne souhaite pas qu'elle prenne peur et refuse ensuite de sortir du garage du SHIELD auquel je l'ai affectée, elle a des talents qui pourront nous être utiles tout au tour du globe.
« Tout va bien ? »
Maeve Lowell
Nombre de documents : 14
occupation : Démonter et remonter des trucs
Humeur : ... Bleu !
Mer 4 Juil - 19:02
Far from home Peggy & Mavi'
J'étais anxieuse, angoissée, et cette mission me changeait de mes petites habitudes. Si je ne faisais pas tout en temps et en heure, je n'étais pas bien pour la journée, mon travail était routinier. Mais je devais faire des efforts, oui des efforts, papa m'aurait mis une claque derrière la tête si il m'avait entendue penser. J'avais encore du mal à sortir de ma routine, et c'était pour ça que je ne m'étais forcée à m'enrôler dans l'armée, je faisais quelque chose que j'avais l'habitude de faire, la mécanique, mais dans un lieux inhabituel. Je levais le nez de ma besogne, tournant la tête vers l'agent Carter, elle était ma supérieure.
« Oui... Seule... Seule... D'accord. C'est noté, je vais tâcher de ne pas vous décevoir. »
Mon regard se perdait dans l'horizon azuré. Tout ceci était angoissant, certains se seraient sentis diablement excités, pas moi. Ça me rendais nerveuse, et il en serait toujours ainsi. Du moins était-ce la réflexion qui naquit dans ma petite tête. Et il fallait que je me raccroche à ça. Que je m'encre à la sensation de bien être que me procurais la mécanique, c'était quelque chose de rassurant dans lequel j'aimais tout particulièrement me plonger. Après le vol, nous sommes accueillies par un agent, je me fais toute discrète, ne dit pas grand mot. A quoi bon parler quand on en voit pas l'utilité ? En plus j'aime pas les gens, j'aime pas les gens... ils sont tellement déroutant, les relations sociales sont pour moi une bien belle épreuve de laquelle je n'arrive pas à passer les obstacles, c'est comme si il y avait une barrière entre moi et les gens, comme si je vivais dans ma propre bulle. Je suis l'agent Carter jusqu'à la voiture sans rien dire, m'installant dans la voiture et attrapant ce que me tend la femme, regardant tout ça sans trop comprendre quoi faire, avant qu'elle ne m'explique tout, alors je m'exécute avec une docilité, laissant mes longs cheveux bruns virevoltant sous le coup du vent, parfois, j'ai l'impression que je pourrais être un lion, que je pourrais rugir et qu'alors, tout le monde me laisserai tranquille, mais bien vite, cette idée disparaît, mon cerveau étant happé par une autre idée de gadget, puis une autre, j'établis quelques plans dans ma tête, des plans qui seront sans doute recopiés, puis donneront naissance à un bric à brac impressionnant. Comme toujours. Je me surprend à rêvasser, mon cerveau imaginant un moteur parfait, sans imperfection, avant que je ne me rende compte que j'avais oublié quelque chose. Papa disait qu'il fallait toujours remercier les gens pour leur bonté.
« Merci pour les lunettes, la crème, et pour l'accompagnement. Ça ne me gêne pas de marcher, j'aime bien ça, marcher... »
Pour la suite, je me fais silencieuse, docile. J'avais l'impression que comme ça, on ne ferait pas attention à moi. Moi ? J'étais l'outil qu'on sortait du sac pour réparer les choses et rien de plus, non ? Parfois... je n'avais pas vraiment l'impression d'être une personne, plutôt un robot doté malheureusement d'un cœur humain. Je me tournais vers elle. Prendre une douche ? Je la prenais tous les jours à 7h52, puis je m'habillais, avec au moins un haut à manche courtes et un pantalon, il fallait en mettre, même si c'était désagréable et que ça limitait les mouvements. Prendre une douche à un autre moment ? Ça allait être dur... mais j'allais me forcer, ça me préparerai à ma marche. Je hochais la tête, voyant qu'elle sourit, et essayant de faire de même.
« Je … oui je vais bien, j'ai mal nul part. »
Un brin terre à terre, parfois... je rêvais être née différente, un peu moins gênante, un peu plus normale, ce serait tellement bien pour moi. Je regardais la montre que j'avais au poignet, hochant une nouvelle fois la tête.
« Merci pour tout Peggy Carter. Je vais prendre au pied de la lettre vos propositions, je m'en vais prendre une douche... »
Il fallait que je me retrouve seule, alors je pris ma douche, m'habillais avec les vêtements qu'on avait préparé pour moi. Le côté positif, c'était que les vêtements ne me gênaient pas. Je pus ensuite vérifier si dans mon sac les outils étaient bien rangés, par taille, par couleur, par nombre d'utilisations... Je fis tournoyer un tournevis entre mes doigts. Cela faisait 587 fois que je m'en servais exactement, et encore quelques fois le temps d'arriver à 600 et je le changerai. Si je ne le changeais pas ? Qui sait... le monde exploserait peut être. Dans deux minutes il serait l'heure, et j'avais mis exactement une minute et trente seconde pour arriver jusqu'à ma chambre. Je chargeais donc mon sac sur mes épaules, et attendit d'être à une minute et quarante secondes avant de sortir de ces quartiers pour rejoindre ma supérieure.
« Je suis prête Madame. »
J'avais enfilé des chaussures de marche, ça me semblait le moins idiot... Non ? Au moins si il y avait de la boue, je pourrais marcher par dessus et ne pas m'enfoncer dedans.
speak to me if you want to, oh darling, but i'll listen to your silence too ; don't feel obliged to fill it though, i can live with it it's true
Je regarde Maeve partir vers sa chambre, l'air songeur, en pensant à sa particularité qui ne me gêne pas. Associable, il est écrit dans son dossier. Mais je crois qu'elle a surtout peur des gens, ou plutôt peur de ce que des inconnus venant vers elle pourraient perturber dans ses habitudes. Une fois qu'elle est dans sa chambre, je me rends dans la mienne, et prends une longue douche froide pour me débarrasser de la sueur du voyage. Si j'avais pu envoyer Howard ici, je l'aurais fait, mais ce n'était pas possible... J'espère que la réunion que je dois avoir avec certains coordinateurs locaux se fera dans une cave, comme la dernière fois, pour qu'il fasse frais au moins pendant que nous discutons...
Je m'habille, satisfaite de voir que mes consignes pour les vêtements que la base nous a fournis ont été respectées : des habits clairs, en toile respirante mais solide, et avec un nombre certain de poches pour y mettre le matériel. Et les chaussures sont parfaites et confortables, et... oui, c'est bien un explosif dans la semelle. Au cas où, il nous suffira d'enlever la boucle arrière comme la goupille d'une grenade et de lancer la sur-semelle sur nos ennemis. Howard est vraiment un génie !
Une dizaine de minutes avant l'heure du départ, je descends discuter avec les agents qui sont basés ici. Ils me font rapidement part de leurs doléances, et je promets de les prendre en considération pour la suite. Lorsque Maeve arrive, je lui souris doucement en faisant signe aux agents de se disperser.
« Nous pouvons y aller alors ! »
Je prends mon sac à dos, et guide ma jeune agente dehors, où un véhicule tout terrain nous attend, à l'ombre d'un hangar ouvert. Je m'installe au volant et fais signe à Maeve de s'asseoir sur le siège passager, après avoir mis nos sacs dans le coffre. Je démarre le moteur et demande d'une voix douce :
« Vous connaissez l'Espagne ? »
Je conduis pendant une heure, d'abord sur de larges routes goudronnées, puis sur des pistes sableuses, et lorsque la piste s'arrête pour laisser place à un chemin pierreux, je gare mon véhicule dans un bosquet.
« Et maintenant, il va falloir marcher. Vous voulez boire avant ? »
Je sors de la voiture et m'étire longuement, avant d'ouvrir le coffre pour y prendre mon sac. Je remets une couche de crème solaire et tends le flacon à Maeve, puis mets un chapeau et mes lunettes de soleil. Ca tape fort, mais l'après-midi est déjà bien avancé, et la température devrait redescendre bientôt, en tous cas c'est que que disaient les agents à la base.
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