[terminé] did you really do that ? (+ elisa)

Nous venions de terminer une réunion -une énième réunion- à propos du traitement des objets d'HYDRA récupérés par la SSR. Je voulais absolument, avant que la SSR ne soit dissoute -ce qui, selon moi, prendrait au maximum deux ans- que l'intégralité des possessions d'HYDRA stockées dans les archives de l'organisation militaire soient transférées dans les locaux sécurisés du SHIELD.
Malheureusement pour moi, si nous avions déjà pu mettre la main sur un nombre important d'objets plus ou moins identifiés, le gouvernement était fermement opposé à ce que les trouvailles les plus dangereuses -telles que l'Obélisque, pour ne citer qu'elle- nous soient confiées.
Afin de convaincre les délégués gouvernementaux de la sûreté de nos installations, je leur avait organisé une visite, à l'encontre de tous les principes de confidentialités qu'Howard et moi faisions scrupuleusement respecter à l'ensemble de nos agents. Et si certains responsables avaient semblé juger le niveau de sécurité suffisant, ce n'était pas le cas de tous.
Je soupirai alors que Finn raccompagnait les gouvernementaux à la sortie, et rassemblai mes affaires. Quelques photocopies, beaucoup de notes manuscrites, mes stylos, mon dictaphone... que je laissai tomber lorsque l'ouverture brusque de la salle de réunion me fit sursauter.
« Directrice Carter ? Vous avez un appel sur la ligne trois. »
C'était Georges, l'un des douze agents de niveau sept, qui me servait de secrétaire entre deux missions sur le terrain. Bien entendu, cette situation n'était pas viable, mais je n'avais pas encore eu le temps -et l'envie, à vrai dire- de prendre une secrétaire personnelle.

« Merci Georges, je monte tout de suite. »

Je ramassai mon dictaphone, mais il devait être cassé, puisqu'il refusa de s'allumer. Pestant contre la fragilité du matériel électronique, je me décidai à le jeter dans la corbeille. Howard n'avait certainement pas le temps de s'en occuper avec cette histoire de SSR.
En passant dans l'open space réservé aux agents de niveau inférieur à 4, je remarquai les trois secrétaires en train de taper des rapports, et me dis que, décidément, avoir ma propre secrétaire me faciliterait grandement la vie -et celle de Georges.
Je montai dans mon bureau et pris l'appel -il s'agissant de Rose, une agent de la SSR avec qui j'avais travaillé plusieurs fois, et qui voulait prendre de mes nouvelles, comme souvent. Oh, elle appelait aussi pour me parler de Daniel, qu'elle avait suivi à Chicago lorsque la SSR l'y avait envoyé, plus d'un an auparavant, et que je ne voyais que trop peu à mon goût.

Comme à mon habitude, je pris le temps de discuter avec Rose, qui me parla des difficultés que rencontrait la SSR pour s'implanter à Chicago. Elle me raconta aussi l'arrivée de deux nouveaux agents, envoyés par l'agence de New York -ils n'arrivaient pas à recruter localement-, ainsi que de Daniel. Rose était ma seule source d'informations fiable à son sujet, puisque mon petit ami me répétait que tout allait pour le mieux à chaque fois que je l'avais au téléphone. J'appris qu'il avait dormi trois fois au bureau la semaine écoulée, et retins un soupir. Je m'inquiétais de plus en plus pour lui, il était urgent que nous trouvions un terrain d'entente avec la SSR -au sujet des anciennes possessions d'HYDRA- pour que Daniel puisse démissionner et rejoindre le SHIELD. Pour le moment, il était notre meilleur allié dans la place, et nous avions cruellement besoin de lui.
Lorsque je finis par raccrocher, il était midi passé, aussi je décidai d'aller manger au diner auquel travaillait Angie. C'était toujours un plaisir de la voir, surtout maintenant qu'elle connaissait mon véritable travail. Elle n'était jamais trop curieuse, et ne se vexait jamais lorsque je refusais de lui parler d'un sujet ou d'un autre pour cause de confidentialité.
Une fois mon plateau avalé avec deux tasses de thé, je retournai au bureau. En passant, je décidai tout de même d'aller chercher mon dictaphone dans la corbeille de la salle de réunion, histoire de le donner à Howard pour qu'il voie ce qu'il pouvait faire.
Je n'eus pas le temps de traverser l'open space qu'une des trois secrétaire, une jeune fille discrète, se levait pour venir à ma rencontre et m'interpeller, en me tendant mon dictaphone. Surprise, je le pris, l'allumai et me rendis compte que, comme l'avait dit la secrétaire, il fonctionnait parfaitement. Je levai les yeux vers elle et lui souris.
« Merci beaucoup. C'est très serviable de votre part. Je vous prie de m'excuser, je crains de ne pas connaître votre nom. J'aimerais vous remercier comme il se doit, peut-être accepteriez-vous un thé ? »
Elle semblait intimidée, mais je ne souhaitais pas qu'elle le soit. Bien entendu, je voulais intimider les hommes, mais je voyais toutes les femmes comme mes égales, quelque soit leur classe sociale ou leur niveau au sein du SHIELD.

La timidité admirative de cette jeune secrétaire me plaisait et me flattait beaucoup. Je n'avais pas l'habitude d'une telle attitude -parce que la majorité de mes collègues étaient masculins, et que la plupart d'entre eux s'adressaient à moi avec un respect teinté de jalousie. Qui était cette femme qui leur donnait des ordres ? Il fallait que je m'impose avec force pour obtenir de l'attention ou un semblant d'obéissance. Et puis, malgré toutes mes tentatives, nous n'arrivions pas à recruter des femmes à d'autres postes de ceux de secrétaire. J'avais pourtant essayé à de nombreuses reprises !
J'adressai à Elisa -puisque c'était son nom- un sourire bienveillant, avant de lui répondre d'un ton chaleureux.
« Je serais ravie de prendre ce thé tout de suite, malheureusement j'ai une réunion dans quelques minutes. Peut-être pouvez-vous me retrouver dans mon bureau à dix-sept heures ? Annoncez-vous simplement à l'agent de garde de l'ascenseur du fond, je viendrai vous chercher. »
J'aurais bien discuté encore avec elle, pour en apprendre plus sur ses motivations et ce qui l'avait poussé à accepter de travailler pour la SSR, mais les quatre agents que je devais brieffer pour leur mission arrivaient. Je saluai donc Elisa avant de me diriger vers la salle de réunion.
James Abott, Henry McCain, Elliot Black et John Walters étaient des agents de niveau six, à qui je confiais le plus souvent des missions d'infiltration. Les deux premiers étaient capables de se déguiser jusqu'à être méconnaissables, et les deux derniers savaient se déplacer aussi furtivement que des ombres. Ils travaillaient la plupart du temps en duo, mais j'avais besoin d'une équipe plus importance pour cette mission.
« Messieurs, je vous demande toute votre attention pour ce brieffing. La mission que je vais vous confier est de la plus haute importance. »
Je fis glisser vers eux le dossier que j'avais réuni, dupliqué en quatre exemplaires.
Ces quatre agents étaient respectueux de mon autorité, concentrés et volontaires, aussi la réunion dura exactement le temps que j'avais prévu, et je fus de retour dans mon bureau à seize heures trente-quatre. Parfait.
J'avais un million de choses à faire !

J'eus le temps de terminer un pli important avant qu'Elisa ne toque à la porte de mon bureau. Elle était toujours aussi timide, et je ne pouvais m'empêcher de me retrouver dans son attitude, lorsque j'étais encore une jeune recrue du bureau de décryptage, avant la mort de mon frère. Je secouai légèrement la tête pour chasser ces souvenirs de mon esprit. Michael me manquait un peu plus chaque jour, et je ne parlais de lui à personne. Seul Daniel savait que j'avais un frère, mais je n'avais jamais eu le courage de lui raconter l'entièreté de son histoire, ni à quel point je lui devais la personne que j'étais devenue.

J'étais ravie de voir que Georges, qui est de garde devant l'ascenseur ce jour-là, avait suivi mes directives de m'envoyer directement la jeune fille lorsqu'elle se présenterait pour monter -cela m'avait permis de terminer ce courrier important.

Je fis un signe de la main vers les causeuses que j'avais fais installer dans un coin de mon bureau -Howard, avec sa folie des grandeurs, avait décidé que nous aurions, lui et moi, des espaces de travail bien trop grands pour une seule personne, aussi j'avais aménagé mon bureau de manière un peu plus conviviale et chaleureuse. Une table supplémentaire et quelque chaises me permettaient de recevoir des agents pour traiter des dossiers ou planifier une réunion, et les deux canapés étaient fort confortables après une dure journée -ou quand je devais passer la nuit au bureau pour une urgence.
Je descendis rapidement, confiai mon courrier à Rose en lui demandant de le faire partir le plus rapidement possible, puis remontai aussi sec. Je ne voulais pas faire attendre mon invitée !
Une fois de retour à mon étage, je passai par la cuisine partagée et mis de l'eau à chauffer, puis retournai dans mon bureau, où Elisa m'attendait toujours.

Tout en attendant sa réponse, je sortis du placard un pot de sucre et deux tasses, que je disposai sur la table basse. Le lait se trouvait dans le réfrigérateur de la cuisine, il faudrait que je le prenne en allant chercher l'eau.

Je souris lorsqu'Elisa protesta et voulut préparer le thé, mais insistai néanmoins. Elle était mon invitée ici, et lorsqu'elle saurait ce que je voulais qu'elle fasse pour moi, je craignais qu'elle ne prenne peur.

J'appuyai ma réplique d'un regard légèrement insistant assorti d'un sourire en coin, et attendis que la jeune femme se rassoie avant d'aller dans la cuisine de l'étage faire bouillir de l'eau.
Lorsque je revins, avec la théière dans une main et le pot de lait dans l'autre, Elisa n'avait pas bougé. Hum, peut-être l'intimidais-je plus que je ne le pensais ?

Pour ma part, je pris un Earl Grey -mon éducation anglaise se répercutait décidément sur beaucoup de mes choix ! Dès qu'Elisa eut choisi, je remplis sa tasse d'eau bouillante, et la mienne par la même occasion.
Tout en sirotant doucement ma tasse brûlante, j'en vins à exposer à la jeune femme les raisons qui m'avaient poussée à la faire monter dans mon bureau. Car ce n'était pas uniquement pour la remercier que j'avais fait cela ! J'avais d'autres idées en tête ; le tout était de savoir si la jeune femme à fort potentiel que j'avais en face de moi serait intéressée par l'offre que j'étais sur le point de lui faire.

J'espérais ne pas trop la terrifier, aussi repris-je rapidement :

Ce n'étaient pas que des flatteries. J'avais eu l'occasion d'échanger quelques mots avec la responsable des secrétaires, seule habilitée à prendre des notes en direct pendant les réunions -les rapports étaient ensuite retapés par les autres secrétaires, sur la base de ses notes. Elle savait faire la part des choses entre ce qu'il était nécessaire de consigner et ce qui relevait du secret le plus absolu.
A cet instant, il m'était aisé de deviner qu'Elisa pouvait commencer à se douter de la requête que j'allais lui faire.