hello, old friend (+ ruby)

En me levant ce matin-là, je n'avais aucune idée du chamboulement qui allait arriver dans ma vie. Enfin, j'avais cherché ce chamboulement, mais je ne pensais pas qu'il allait arriver de sitôt -cela faisait seulement quelques semaines que j'avais lancé l'appel qui allait y conduire.
Suivant ma routine matinale, je pris le temps de boire une tasse de thé et de feuilleter le journal avant de partir pour le SHIELD. Je savais qu'Howard n'arriverait pas avant dix heures, aussi je n'avais aucune raison de me presser ; aucune réunion programmée ce matin, et on ne m'avait pas appelée dans la nuit, ce qui signifiait qu'aucune urgence n'était à l'ordre du jour. Si j'étais capable de gérer le stress et la pression comme personne, j'aimais aussi les journées tranquilles.

Arrivée dans mon bureau du SHIELD, je repérai immédiatement le dossier bleu pâle posé sur mon bureau. Déjà ? Un sourire étira mes lèvres, et je composai immédiatement le numéro qui se trouvait sur l'unique feuille du dossier.

« Bonjour, je souhaiterais parler à Ruby Braveheart. »

« Oui, qui la demande ? »

Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je reconnus la voix au bout du fil.

« Peggy Carter. »

Un son étouffé se fit entendre dans le combiné, puis de nouveau j'entendis la voix de mon amie, avec un enthousiasme bien plus prononcé. Je lui recommandai de regarder dans sa boîte aux lettres et l'avertis que je la reverrais trois jours plus tard.
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J'avais donné rendez-vous à Ruby au L&L Automat de Brooklyn, celui où travaillait Angie, et que j'affectionnais particulièrement -c'était là que j'avais rencontré Edwin Jarvis, qui s'était avéré un allié de choix pendant mes dernières aventures à la SSR. J'arrivai un peu en avance, et pris le temps de discuter quelques minutes avec Angie avant de m'installer à une table à l'écart, derrière un énorme ficus qui permettait de voir sans être vu.
En attendant celle que j'avais contactée, je pensais à la relation que nous avions construite au cours de la guerre. Je l'avais rencontrée alors qu'elle était membre des WASP (Women Airforce Special Pilots), et qu'elle devait me transporter à travers l'Europe pour rejoindre une base de la SSR. Base où j'avais retrouvé Steve, juste avant qu'il n'aille sauver le sergent Barnes. Nous avions discuté de tout et de rien pendant les huit heures de voyage, et commencé à jeter les bases de ce qui deviendrait une solide amitié.
Nous avions correspondu durant le reste de la guerre, et elle m'avait réconfortée lorsque Steve avait volontairement écrasé son avion dans l'Arctique -sujet donc je ne pouvais pas parler avec Angie, puisqu'elle ignorait mon rôle pendant la guerre auprès de Captain America. Puis, alors que j'avais déménagé à Los Angeles, nous nous étions perdues de vue. Mais un agent zélé que j'avais chargé de la retrouver avait fait un travail admirable et rapide, et maintenant je souhaitais engager Ruby au sein du SHIELD -elle connaissait le front et le terrain, je pensais la charger de la gestion des agentes dispersées à travers le monde.
Je sirotais mon thé à petites gorgées lorsqu'elle poussa la porte de l'Automatic.
Décidément, elle n'avait pas changé ! Toujours cette superbe crinière rousse, cette allure décidée, et la même flamme dans son regard. J'avais bien fait de l'appeler !

Je me levai lorsque Ruby s'approcha de ma table. Elle avait l'oeil, elle m'avait repérée presque instantanément en rentrant dans l'Automatic ! Et moi qui pensais avoir trouvé un coin discret pour observer sans être vue...
Je serrai ma vieille amie dans mes bras. Cela faisait au bas mot trois ans -voire plus- que nous ne nous étions pas revue, puisque nos échanges depuis la fin de la guerre se résumaient à des lettres régulières. Son élégance me dérouta quelque peu -j'étais habillée bien plus sobrement, et puis elle m'avait habituée à sa tenue d'aviatrice !

Je lui fis un clin d'oeil assorti d'un sourire en coin. En réalité, c'était le SHIELD qui invitait, mais puisque c'était pour une potentielle future recrue, je n'avais pas beaucoup de scrupules à mettre ces consommations sur note de frais.
Je me surpris à observer Ruby de manière presque indécente -déformation professionnelle, encore ! Je n'arrivais plus à tenir une conversation normale sans essayer de cerner les gens depuis mes dernières missions sur le terrain -et les nombreuses tentatives d'assassinat visant ma personne. Mais bon, j'étais toujours en vie, c'est que cette faculté me servait !

Je marquai une pause pour ajouter un effet dramatique à mon intervention -si je me rappelais bien, Ruby adorait les feuilletons d'aventures à la radio, et les rebondissements inattendus qui arrivaient après un cliffhanger.

Bon vieux temps, c'était vite dit, mais je savais qu'elle se rappelait comme moi les bons souvenirs que nous avions su créer au sein des camps de base qui servaient de point de départ aux soldats et aux avions.

Je me penchai vers Ruby avec un sourire espiègle, les deux coudes sur la table, et les mains jointes sous mon menton -un vrai parrain de la mafia.

Décidément, j'adorais faire peur aux gens. Que ce soient des associés lorsqu'ils ne ramenaient pas le bon dossier, des ennemis lorsqu'ils me voyaient avec mon revolver, ou dans le cas présent, Ruby qui ne put me dissimuler son léger mouvement de recul lorsque je la fixai d'un air de parrain mafioso. Avant de m'adresser un sourire carnassier qui lui ressemblait bien plus que cet air de biche effarouchée qu'elle avait une seconde auparavant.
Et son enthousiasme me fit tellement plaisir !
C'est un immense sourire qui se dessina sur mon visage lorsque Ruby accepta de me rejoindre au SHIELD. J'avais beaucoup apprécié les rares moment où nous avions eu l'occasion de collaborer pour la SSR et contre le Troisième Reich, et je savais qu'elle serait une alliée de choix au sein de l'organisation que j'avais mise sur pied avec Howard. Elle était comme moi, éprise d'aventure et de danger, et je ne pouvais qu'imaginer à quel point piloter un avion devait lui manquer.
Et puis, d'après ce que me disait son langage corporel, Howard devait lui manquer. Ses yeux s'étaient voilés une poignée de secondes lorsque j'avais mentionné son nom. Je savais qu'ils avaient quelque peu fricoté durant la guerre -et je me gardais bien de juger mon amie ! Elle était assez grande pour faire ce qu'elle voulait-, et je commençais à me demander si des sentiments plus profonds que ceux qui lient une jeune femme et un coureur de jupons pour un soir avaient commencé à germer chez Ruby.
Il me semblait qu'elle avait connu mon ingénieur favori -et plus détesté aussi- avant la guerre, avant les WASP et la SSR, mais je ne me souvenais pas exactement dans quelles circonstances.

Je ris doucement.

Je souris, pour bien montrer que les attitudes régressives de ces mâles à l'égo surdimensionné ne m'impressionnaient guère. Après tout, j'en avais vues d'autres pendant la guerre !

Je n'avais effectivement encore pas touché mot à mon associé de la proposition que je faisait à Ruby. Je n'avais pas envie que l'histoire qu'ils avaient vécue pendant la guerre pousse Howard à refuser d'embaucher mon amie. Je cachai ma surprise lorsqu'elle prit un ton presque timide pour me demander s'il m'était possible de faire venir mon associé. La Ruby que je connaissais était plus forte que ça, mais peut-être me trompai-je. Peut-être Howard avait eu plus d'impact sur elle que je ne le croyais...

Je lui adressai un regard désolé. Pour une fois, ce n'était pas de mon fait... Et je me dépêchai de justifier mon refus avant qu'elle ne m'en veuille.

Je lui adressai un sourire un peu désolé, mais surtout réconfortant. Je ne voulais pas qu'elle pense que je l'éloignais volontairement d'Howard -même si c'était ce que je faisais, pour éviter que mon associé ne couche avec elle puis la rejette avant même qu'elle ait pu s'intégrer un tant soit peu au sein de l'équipe du SHIELD dans laquelle je voulais la placer.

Un grand sourire se dessine sur mon visage, et je continue sur ma lancée, d'un ton à la fois espiègle et mystérieux :

J'exagère à peine sur l'intérêt du poste. Si je n'avais pas été aussi occupée avec la paperasse et l'administratif, c'est à moi que j'aurais attribué cette responsabilité !

Je ne pus retenir un mouvement de surprise aux révélations de Ruby. D'abord, parce qu'elle m'annonçait qu'il ne s'était en réalité rien passé entre Howard et elle durant la guerre. Certes, je n'étais pas aller chercher les informations, et les fréquentations de l'ingénieur ne m'intéressaient guère, mais la rumeur avait atteint des proportions dantesques. Je ne lui avais pas prêté attention ni n'avais répété son contenu, mais son infirmation me surprenait.
Ensuite, parce que je ne savais pas que Ruby entretenait des sentiments pour Howard... Je pensais qu'une femme forte et au caractère bien trempé comme elle se tiendrait à distance de mon associé et de sa réputation de chaud lapin.
Je retins mon jugement. Ruby faisait bien ce qu'elle voulait, et ce n'était pas à moi de lui donner une ligne de conduite !
Lorsqu'elle m'assure qu'il ne se passera rien entre Howard et elle, j'ai un léger doute. Quelque chose dans sa voix, comme une sorte de mélancolie, me met la puce à l'oreille. Mais je ne relève pas ; si elle a envie de m'en parler, elle le fera, je n'ai pas à l'interroger.
Un sourire illumine de nouveau son visage alors qu'elle me demande de lui en dire plus sur le poste que j'ai envisagé pour elle. Et je souris à mon tour, avant de prendre un air conspirateur :

Je fais une petite pause, puis continue :

Je finis mon thé et conclus :

Je me penche en avant, un léger sourire aux lèvres, et demande :